Tout a commencé le jour où mon frère est mort d’un cancer du foie à 38 ans. Depuis, j’ai peur de ne pas dépasser cet âge. Je prends des vitamines et des compléments alimentaires, je mange sainement, mais je suis toujours fatiguée. J’ai toujours des symptômes étranges. J’ai consulté une vingtaine de spécialistes, fait des examens de toutes sortes : scanner, radio, fibroscopie… Mais aucun médecin n’a trouvé quelque chose d’anormal. Je suis désespérée. Je me dis aussi que s’il ne décèle rien, c’est que la maladie n’en est qu’à son premier stade ou que le laboratoire a fait une erreur , explique Carole, 32 ans. Les malades imaginaires sont convaincus de souffrir d’une affection ou d’une autre. A l’exception d’une seule : ne leur dites surtout pas qu’ils sont hypocondriaques. C’est l’unique pathologie dont ils ne soupçonnent pas de souffrir !
1Personne ne les comprend
Nous avons tous peur de tomber malade, mais certains sont obsédés par cette idée. Ils souffrent d’hypocondrie, un mal souvent incompris par l’entourage. Les hypocondriaques sont perpétuellement angoissés, adeptes de l’absentéisme et collectionnent les ordonnances. Ils se plaignent, recherchent des réponses médicales, oscillent en permanence entre la dépression et la paranoïa et changent régulièrement de médecin.
Difficiles à traiter Les hypocondriaques s’entendent dire que leur maladie est psychosomatique . Ils n’en croient pas un mot. Ils consultent des médecins pour des symptômes physiques qui ne peuvent généralement pas être mis en évidence à l’examen clinique, ni à la radio. Obsédés par la maladie, ils collectionnent les médecins et les examens. Seule une prise en charge psychothérapique peut faire sortir l’hypocondriaque de cette démarche stérile.
Pourquoi eux ? La peur excessive de la maladie frappe entre 4 à 9 % des patients des médecins de famille. Les causes de l’hypocondrie sont mal connues, mais certains scientifiques pensent qu’elle pourrait être apprise auprès de parents qui réagissent avec excès à la maladie. Certains cas apparaissent lorsque le patient ou l’un de ses proches a eu très peur pour sa santé. La maladie commence habituellement dans l’enfance ou au début de l’âge adulte et peut durer toute la vie. Il arrive que les hypocondriaques aient connu des carences affectives précoces, un deuil, une séparation. D’autres ont eu des parents qui les emmenaient chez le médecin au moindre bobo. Ces situations engendrent un sentiment de vulnérabilité et d’insécurité à l’égard de leur corps.