C’est une spirale qui peut emporter n’importe qui ou presque. Une spirale qui touche aujourd’hui près de 800 000 personnes en France. Il y a celles et ceux qui se laissent aller à plus de confort en contractant des crédits à la consommation à des taux records et il y a celles et ceux pour qui tout commence par une banale baisse de revenus suite à un « accident de la vie » : perte d’emploi, divorce, maladie… Dans les deux cas, on peine chaque jour un peu plus à boucler les fins de mois, on laisse les factures en souffrance et on emprunte encore. Jusqu’au jour où les créances sont telles qu’on ne peut plus rien assumer.
C’est le surendettement. Un phénomène qui touche en priorité les personnes vivant seules (65 %), les locataires (80 %) et de plus en plus de personnes âgées de 75 ans et plus. Un phénomène, on s’en doute, qui concerne surtout les plus bas salaires : 54 % des personnes surendettées vivent avec des ressources inférieures au smic. La solution ? S’adresser au plus vite à la commission de surendettement de la Banque de France qui étudie un rééchelonnement des dettes
1« En passant de 1 000 € à 630 € mensuels, j’ai perdu pied »
Je n’ai jamais eu de problèmes financiers même si je n’avais pas d’argent de côté, jusqu’au jour où je me suis retrouvée au chômage : je suis passée d’un salaire de 1000 € environ par mois à 630 € d’indemnités de chômage. J’avais un loyer de 376 €, ma fille à charge et très rapidement, je n’ai pas réussi à faire face aux dépenses du foyer. J’ai cessé de payer le loyer puis l’électricité, et j’ai pris une carte de crédit renouvelable pour un montant de 1 000 €. Cela peut paraître une petite somme, mais même ça, je n’étais pas capable de le rembourser. Je regrette de l’avoir prise car cela m’impose des frais mensuels supplémentaires. Aujourd’hui, je suis endettée à hauteur de 10 000 € et je n’ai toujours pas les moyens de rembourser. Je puise tous les mois sur mon découvert de 500 €. Je vis au jour le jour et je ne sais pas comment je vais pouvoir repasser dans le vert. Je viens de déménager chez mon ami, ce qui allège mes dépenses, je n’aurai plus de loyer, plus d’assurance et plus d’EDF ou le câble à payer. En mars dernier, voyant que je ne parvenais pas à m’en sortir, je suis allée voir une assistante sociale qui m’a aidée à monter un dossier de surendettement, j’espère simplement qu’il sera accepté.
Le conseil de l’expert
« Il faut toujours privilégier le loyer »
Dès qu’on a des impayés, le passif peut faire l’objet d’un plan d’échelonnement. Il n’y a pas de dette minimum pour saisir la commission de surendettement, il ne faut pas hésiter, dès que l’on a des difficultés, à rembourser 2 000 ou 3 000 €. Le réflexe de ceux qui ne parviennent plus à honorer leurs créances, c’est de ne plus payer leur bailleur et les frais liés au logement : c’est une erreur, il faut privilégier le paiement du loyer et des factures.
Jean-Louis Kiehl, président de Crésus, association de lutte contre le surendettement